Archives de catégorie : Vaccins et vaccinations

La dermatose nodulaire contagieuse

Historique.

La DNC, Dermatose Nodulaire Contagieuse, (en anglais, Lumpy Skin Disease, LSD) a été signalée pour la première fois en 1929 en Zambie. Sa première apparition hors d’Afrique a été signalée en Israël entre 1986 et 1988 et s’est progressivement propagée au Moyen-Orient, puis en Europe de l’Est et en Russie, avant de se propager dans les Balkans. En 2019, de nouveaux cas ont été signalés en Asie du Sud et de l’Est, représentant une menace permanente pour tous les pays indo-asiatiques, dont l’Afghanistan, le Pakistan et l’Inde. L’identification de cas actifs en Asie (Chine, Cambodge, Singapour et Indonésie) a suscité des inquiétudes quant à l’intrusion de ce virus dans des pays indemnes de DNC et possédant d’importantes populations bovines naïves, comme l’Australie : Depuis, elle a fait irruption dans les pays Européens, dont l’Espagne, l’Italie et la France, dans des régions proches de la Suisse.

 

 

 

 

 

Le virus.

La dermatose nodulaire contagieuse est causée par un virus de la famille des Orthopox virus, dont on connait bien les virus de la variole humaine et de la variole du singe . C’est donc un virus à ADN avec un génome très fourni permettant la synthèse de près d’une centaine de protéines, qui le rend pratiquement indépendant des fonctions des cellules qu’il infecte, à l’exclusion de la production d’énergie et de l’utilisation de la machine de synthèse des protéines. Le virus peut être excrété par les sécrétions nasales et lacrymales, le lait et le sperme, et sa viabilité est observée jusqu’à 11 jours dans le lait et 22 jours dans le sperme. Il n’existe aucune preuve de la présence du virus dans la viande d’animaux infectés, mais le virus peut être isolé à partir de surfaces infectées, notamment dans le matériel d’élevage et de transport. Le virus résiste à l’inactivation et peut rester viable jusqu’à 35 jours dans des croûtes cutanées desséchées, plus de 33 jours dans des nodules cutanés nécrotiques et au moins 18 jours dans des peaux séchées à l’air. Il peut persister dans l’environnement pendant de plus longues périodes, notamment dans l’obscurité des étables contaminées, où il peut persister plusieurs mois. Cette persistance fait du virus de la DNC une menace importante pour la biosécurité de l’industrie mondiale de l’élevage. Le virus ne provoque de maladie que chez les espèces bovines, les bovins et les buffles d’eau (Bos taurus, Bos indicus). Le virus partage pourtant des caractéristiques avec des virus de la même famille infectant les chèvres ou les moutons.

Transmission.

La maladie contagieuse est transmise par divers vecteurs tels que les mouches piqueuses, les poux, les tiques, les moustiques et les guêpes, mais aussi par contact étroit avec des animaux infectés ou des mangeoires et des abreuvoirs contaminés. Les vaches en lactation peuvent également transmettre le virus aux veaux allaités par le lait contaminé et par des lésions cutanées de la tétine. Une transmission verticale a été démontrée expérimentalement par la transmission de sperme infecté lors d’une saillie naturelle ou d’une insémination artificielle. Le virus peut persister jusqu’à 42 jours après l’infection dans le sperme. Le temps chaud et humide responsable de la multiplication des vecteurs et d’une augmentation de leur activité, rend la saison des pluies d’été et d’automne ainsi que les basses terres marécageuses épidémiologiquement plus propices à l’apparition de cette maladie.

 

La maladie.

La DNC se caractérise par une morbidité élevée et une faible mortalité. Selon la réponse immunitaire de l’hôte, les animaux atteints peuvent présenter une forme clinique aiguë ou chronique. Fièvre, anorexie, lympho-adénopathie, rhinorrhée et lésions cutanées distinctes caractérisent le stade aigu de l’infection, tandis que les animaux au stade chronique présentent une faible production de lait et une infertilité. Les veaux ont tendance à présenter des signes cliniques plus graves que les adultes. L’impact économique se traduit par une baisse de la production laitière, une mauvaise qualité des peaux et de la viande, des avortements et des décès.

Lutte.

Empêcher la propagation de la DNC dans une zone indemne ou éradiquer la maladie dans une zone nécessite plusieurs mesures de contrôle : une quarantaine stricte, la restriction des déplacements des animaux, la vaccination avec des vaccins vivants atténués (cf. ci-dessous), l’isolement et l’abattage des animaux atteints, l’élimination appropriée des carcasses, le nettoyage et la désinfection des locaux et, sans oublier, la lutte contre les insectes. Parfois, l’abattage de troupeaux entiers est recommandé, mais en cas d’endémie, les élevages touchés isolent souvent les animaux malades et leur administrent un traitement symptomatique, pouvant inclure des pansements pour prévenir les infestations de mouches et les infections secondaires. Le profil d’émergence, les antécédents de réémergence et le risque d’incursion de la DNC dans les pays non infectés augmentent progressivement. Il est donc urgent d’identifier de nouvelles mesures permettant de tracer rapidement l’infection et d’élaborer des stratégies de contrôle efficace. L’information génomique est une ressource essentielle, récemment utilisée pour le traçage, le typage et l’identification rapides du point de mutation des agents infectieux, ainsi que pour élaborer des stratégies de contrôle et d’éradication appropriées (cf. ci-dessous tests DIVA).

Vaccins et controverses vaccinales

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OMSA), une vaccination appropriée permet de contrôler la DNC en conférant aux bovins une bonne immunité contre le virus. Récemment, des vaccins vivants atténués, homologues (vaccination des bovins avec un vaccin à base de virus DNC) et hétérologues (vaccination des bovins avec un vaccin à base de virus de la variole ovine/caprine)ont été utilisés pour contrôler l’épidémie dans les régions endémiques . Le vaccin homologue atténué disponible est constitué de la souche sud-africaine Neethling. Ce vaccin dit Neethling est celui le plus couramment utilisé. Il est produit après 61 passages en série dans des cellules rénales d’agneau (cf. Les vaccins), suivis de 20 passages sur la membrane chorioallantoïque d’œufs de poule embryonnés, pour finir par trois passages sur les cellules rénales d’agneau initiales. Son efficacité a été démontrée. Ses effets indésirables vont d’une réaction cutanée locale à des nodules cutanés généralisés de petite taille, accompagnés d’une diminution de la production de lait. Plusieurs études ont démontré la présence de virus vaccinal dans les nodules cutanés, le sang et le lait d’animaux vaccinés. Il n’est pas fait mention de cas d’animaux ayant reçu la souche vaccinale au contact de ces animaux vaccinés, ce qui pourrait représenter l’avantage de faciliter le maintien de la souche vaccinale dans une population de bovins. Les souches de vaccins hétérologues O-240 et O-180 de la variole du mouton et de la chèvre, respectivement, sont utilisées dans des régions où la variole du mouton ou de la chèvre sévit également.

Les vaccins inactivés ne sont pas encore décrits dans le manuel de l’OMSA, mais certains fabricants les ont développés. Ces derniers peuvent être privilégiés dans les pays indemnes de DNC lorsqu’il existe un risque d’introduction de la DNC en provenance des pays voisins. Les vaccins inactivés confèrent une immunité plus courte que les vaccins vivants atténués. Par conséquent, les vaccinations initiales comprennent deux injections espacées d’un mois, suivies d’une revaccination tous les six mois pour maintenir l’immunité. Pour le contrôle qualité des vaccins, l’OMSA peut faciliter la prise de contact avec les laboratoires de référence en Afrique du Sud et au Royaume-Uni, ainsi qu’avec un centre collaborateur en Belgique (Validation, évaluation et contrôle qualité des tests diagnostiques et des vaccins contre les maladies vésiculaires en Europe). Une des questions soulevées par la vaccination concerne la distinction entre animaux vaccinés et animaux infectés, les deux groupes affichant des anticorps anti-virus DNC. Des tests PCR pouvant distinguer les deux groupes sont à disposition. Ils ont noms tests PCR-DIVA ( pour Differentiating Infected from Vaccinated Animals).

En Suisse.

Un communiqué de presse a été publié le 18 juillet 2025 par l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) concernant les dispositions à prendre pour lutter contre la DNC, pour laquelle à ce jour aucun cas n’a été reporté. Ce communiqué annonce qu’une zone de surveillance qui englobe le canton de Genève et la région limitrophe de Terre Sainte dans le canton de Vaud est promulguée. Dans cette zone la vaccination est obligatoire pour tous les bovins, buffles et bisons. Comme aucun vaccin contre la DNC n’est autorisé en Suisse, décision a été prise d’autoriser l’importation et l’utilisation des vaccins qui se sont avérés efficaces pour lutter contre des foyers de DNC en Europe(???). Cette mesure « vise à créer une zone tampon et à empêcher autant que possible que cette maladie hautement contagieuse ne se propage en Suisse ». « L’OSAV a également fixé des restrictions concernant le trafic des animaux et des marchandises dans la zone de surveillance, fondées sur la législation sur les épizooties.

Les recommandations visant à protéger le plus possible les animaux contre les piqûres d’insectes et en particulier à respecter les mesures de biosécurité restent de mise. Les détenteurs d’animaux sont tenus d’annoncer immédiatement tout cas suspect au vétérinaire de l’exploitation. »https://www.woah.org/fr/maladie/dermatose-nodulaire-contagieuse/

Affaire à suivre donc.

NB. La réalisation de cet article s’est appuyée essentiellement sur un article de revue de 2023 de:

Mahfuza Akther, Syeda Hasina Akter, Subir Sarker , Joshua W. Aleri , Henry Annandale, Sam Abraham  and Jasim M. Uddin. 2023. Global Burden of Lumpy Skin Disease, Outbreaks, and Future Challenges. Viruses 15(9), 1861. https://doi.org/ 10.3390/v15091861.

Publié le 01/08/2025

Le virus de la langue bleue

La langue bleue (bluetongue en anglais) est une maladie virale qui touche les ruminants domestiques (moutons, chèvres, bovins) ou sauvages. Le virus responsable de cette maladie, le Bluetongue virus (BTV), appartient à la famille des Reoviridae, genre Orbivirus.

Le virus.

Les Reoviridae sont des virus non enveloppés, c’est à dire que leur délimitation n’est pas constituée d’une enveloppe bi-lipidique (graisseuse) qui les rend sensibles aux détergents comme les virus de la grippe ou le SARS CoV 2. Leur couche externe est formée d’une solide coque de protéines organisée en 3 couches (cf. figure ) qui rendent les virus très résistants dans l’environnement extracellulaire. La couche externe, composée de deux protéines VP2 et VP5, est celle qui entre en contact avec la cellule à infecter en se liant à une protéine cellulaire, le récepteur, qui n’est pas encore identifié avec certitude. La couche intermédiaire fait le lien entre la couche externe et la couche interne qui rassemble les composants viraux au moment de la formation des nouvelles particules virales. A l’intérieur de la particule, se trouvent empaquetées les enzymes nécessaires à la réplication du génome viral composé de 10 segments d’ARN et à la synthèse des ARN messagers viraux. Le génome est composé d’ARN, mais il se distingue d’autres virus à ARN (par ex. SARS CoV2, virus de la rougeole, virus de la poliomyélite) par le fait que cet ARN est double brin (ARN db). De plus ce génome est fractionné en dix segments. La nature du génome de BTV, ARN double brin en dix segments, a des conséquences sur son cycle de multiplication et sur les capacités d’évolution du virus. Notamment si deux virus légèrement différents infectent une même cellule, la répartition des segments lors de l’assemblage des nouveaux virus peut donner lieu à un réassortiment menant à la production d’un nouveau virus qui a incorporé des segments de l’un et de l’autre virus infectant. Ce phénomène de réassortiment est bien connu pour les virus de la grippe dont le génome d’ARN simple brin est fractionné en 7-8 segments. Les nouveaux virus humains issus des virus aviaires ont tous profité de ce phénomène dans leur évolution. Pour les BTV l’étendue du réassortiment n’a pas encore été étudiée, mais le fait que l’on connaisse à ce jour plus d’une 25 sérotypes différents permet de penser qu’il joue un rôle similaire à celui des virus grippaux.

L’infection

Le virus se transmet par des moucherons (Culicoides). Les insectes qui se nourrissent de sang d’un animal infecté transmettent à leur tour le virus en se nourrissant sur un congénère sain. Le virus peut également se multiplier dans le moucheron, augmentant ainsi la quantité de virus transmis. Les signes cliniques correspondent à ceux généralement observés lors de développement de fièvres hémorragiques (hémorragie, fuite vasculaire, œdème..) avec plus ou moins de gravité selon les types de virus et la nature des hôtes infectés. Le virus peut traverser la barrière placentaire et provoquer des avortements ou des malformations congénitales. La langue gonflée et cyanosée, donnant le nom au virus, est un symptôme qui, pour être spectaculaire, n’est pas très fréquent. Les moutons sont les plus affectés. Chez les bovins l’infection passe souvent inaperçue cliniquement. En fait la gravité de l’infection, pouvant être mortelle à large échelle, dépend du sérotype*de virus ainsi que de l’espèce de moucherons qui le véhicule.

Le changement climatique a vraisemblablement altéré les périodes d’activité des moucherons ainsi que la taille de leur population. Les espèces de moucherons présents dans l’Europe du nord et l’Europe centrale, différentes de l’espèce Africaine, se sont révélées des vecteurs efficaces, à l’encontre de ce qui avait été pressenti. Les infections associées aux chèvres récemment découvertes, impliquant notamment le sérotype 25 en Europe centrale, semblent avoir des propriétés biologiques distinctes et une épidémiologie qui ne dépend pas des moucherons Culicoides comme vecteurs de transmission du virus. Les épidémies de langue bleue peuvent avoir des conséquences graves pour l’agriculture, affectant la santé des animaux, leur productivité, baisse de production de lait, reproduction diminuée et altérée, et la qualité des produits (lait, viande). Certaines formes de la maladie peuvent provoquer des pertes massives de bétail. L’impact économique peut être lourd, en particulier dans les régions où l’élevage constitue une part importante de l’économie.

Transmission à l’homme

A ce jour, la transmission de la maladie à l’homme ne fait l’objet d’aucune publication. Des études pour savoir si les personnes en contact avec des animaux infectés auraient développé des anticorps témoignant d’une infection asymptomatique font également défaut dans la littérature spécialisée. Ainsi, à ce stade les virus BTV ne posent pas de problème de santé chez l’humain.

Historique

La première description clinique de la langue bleue a été faite en Afrique du Sud en 1905, où des animaux ont montré des signes caractéristiques de la maladie. L’agent causal a été défini comme un virus lorsque la maladie a pu être transmise par un filtrat retenant bactéries et levures. Le virus a été isolé pour la première fois en 1940. Entre 1950 et 1960, des épidémies importantes ont été signalées en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie, affectant gravement les troupeaux de moutons. Dès les années 1990, le virus se propage vers de nouvelles zones, notamment en Europe, où il cause des épidémies sévères chez les animaux domestiques. Dans le même temps plus de 25 sérotypes distincts sont identifiés. Pour mémoire un sérotype correspond à un type de virus qui provoque après infection la montée d’anticorps spécifiques capables de se lier au virus et d’empêcher son infection. Les sérotypes diffèrent donc par la propriété de se lier à des anticorps différents. Un animal immunisé contre un sérotype restera ainsi sensible à l’infection par un sérotype différent.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dès les années 2000 le BTV se répand en Europe à partir de la péninsule ibérique. La situation en Suisse en depuis août 2024 montre la circulation des deux sérotypes BTV-8 et BTV3. La propagation du virus a été fortement influencée par les conditions climatiques. Les épisodes de chaleur et d’humidité favorisent la multiplication des Culicoides, facilitant ainsi la propagation du virus dans de nouvelles régions.

Les vaccins (cf. voir pour la généralité  La vaccination)

De manière étonnante, le BTV a fait l’objet d’une recherche foisonnante aboutissant à la préparation de différents types de vaccins. Des vaccins atténués, des vaccins inactivés, des vaccins basés sur le génie génétique de différentes sortes. La question qui sous-tend l’utilisation de ces différents vaccins reste celle de pouvoir distinguer un animal vacciné d’un animal infecté asymptomatique. Les deux présentent des anticorps anti-BTV, mais le premier ne présente aucun danger pour la propagation du virus alors que le second peut constituer le repas d’un moucheron qui, après avoir amplifié la masse virale, le propage dans le troupeau. C’est une raison pour laquelle la vaccination n’est pas toujours vue comme la solution immédiate dans la lutte contre l’infection virale. Les mesures de luttes passent aussi par le contrôle des vecteurs visant à réduire la population des moucherons (répulsifs) et une surveillance conduisant à des quarantaines sévères et rapides.

Vaccins vivants atténués. Les virus, souvent plusieurs sérotypes présents dans une zone endémique, sont cultivés en série dans des œufs embryonnés de poulet. Une fois la souche vaccinale obtenue, sa préparation est relativement bon marché. Ces vaccins induisent une immunité de longue durée et généralement peu ou pas d’effets secondaires indésirables, à l’exception du sérotype BTV 16. Pourtant chez les ovins, des réactions plus marquées peuvent êtres observées : lésions au site d’injection, diminution de production de lait, avortements. Les virus atténués sont détectés dans le sang des animaux vaccinés pendant plus de 70 jours. Ils peuvent être détectés dans des moucherons qui peuvent les transmettre. Cette survie peut participer à la vaccination du troupeau, mais également favoriser des réversions des virus atténués à l’état sauvage.

Vaccins inactivés. Les virus, inactvés par traitement chimique ne sont disponibles que pour un nombre restreint de sérotypes. Ces vaccins induisent une immunité de plus courte durée ce qui nécessite l’injection d’une seconde dose (booster).

L’utilisation de ces deux types de vaccins ne sont pas compatibles avec la discrimination entre animaux infectés et animaux vaccinés. En conséquence, elle ne permet pas la levée des restrictions de transport des animaux.

Vaccins sous-unités. Dans ce cas, une ou quelques protéines virales, purifiées ou produites par génie génétique sous utilisées, enrobées dans une capsule graisseuse. Le choix des protéines virales est ici primordial. Il s’agit avant tout de protéines qui composent la coque protectrice du virus (VP2, VP5, VP3 et VP7). Des cocktails de protéines de sérotypes différents peuvent être concoctés, ceci en fonction des différents virus qui circulent dans un environnement donné.

Vaccins issus de la génétique inverse. La génétique inverse est un processus de laboratoire qui permet de produire un virus à partir de son génome, obtenu par synthèse chimique suivant la séquence connue de son acide nucléique. Un tel procédé est ouvert à la modification du génome de sorte que le virus produit affiche bien sa carte d’identité nécessaire à promouvoir une réponse immune, sans pour autant que le virus puisse se multiplier. Dans le cas de BTV le virus produit est déficient pour l’enzyme responsable de la réplication du génome (omission d’un des dix segments du génome) de sorte que ce virus ne peut pas se répandre dans l’hôte infecté. Ce vaccin est lui-même produit en laboratoire sur des cellules auxquelles a été ajoutée la propriété de produire l’enzyme virale manquante. Un tel virus est qualifié d’ECRA pour « Entrée Compétent Réplication Abortif ». Avec cette approche, les segments du génome responsables pour la synthèse des protéines de la coque peuvent être adaptés aux sérotypes circulant dans une région. Des versions de virus avec une virulence diminuée, en omettant par exemple un segment impliqué dans la virulence (VP3), peuvent servir de vaccins atténués. Ces vaccins ne sont pas forcément disponibles sur le marché, car encore à l’étude. Nul doute qu’ils vont servir de ballons d’essai pour des vaccins contre des pathogènes humains. Un exemple de vaccin issu de la génétique inverse chez l’humain est présenté dans le chapitre qui traite du vaccin contre le virus Ebola.

En Suisse, trois vaccins (inactivés) contre le BTV-3 sont commercialisés actuellement (voir ci-après), mais aucun d’entre eux n’est pour l’heure homologué en Suisse ni dans l’UE. Un document publié le 24 janvier 2025 est disponible sur le site de l’OSAV qui traite en détail de ce sujet.

Publié le 12/03/2025

 

 

Le vaccin qui prévient la variole du singe

Pour parler de vaccins contre la variole du singe, il faut en fait décrire les vaccins contre le virus de la variole humaine, car, pour l’instant, seuls ces derniers sont disponibles. Le virus de la variole du singe a été identifié chez l’humain en 1970 à la fin des campagnes de vaccination visant à l’éradication de la variole humaine, décrétée effective en 1980 par l’OMS. Continuer la lecture de Le vaccin qui prévient la variole du singe

Des variants et des hommes

Disons d’emblée que, pour un virologue averti, l’émergence des variants fait partie du jeu. Il n’y a, pour s’en convaincre, que de prendre le temps de lire deux ou trois articles de ce blog : La quasi-espèce, une hétérogénéité génétique extrême, Les propriétés de la quasi-espèce, Les virus ont une capacité d’adaptation formidable. Continuer la lecture de Des variants et des hommes

Les anticorps neutralisants, quelle histoire !!!

La pandémie de COVID-19 soulève légitimement des questions qui remplissent les colonnes de nos journaux préférés. Une part de ces questions concerne le déroulement de l’infection par le SARS-CoV-2, et plus précisément le statut de la vaste majorité des personnes guéries de la COVID-19. Sont-elles maintenant immunisées contre une nouvelle infection ? Continuer la lecture de Les anticorps neutralisants, quelle histoire !!!

La rougeole dans les îles du Pacifique

Des épidémies de rougeole dans les îles Fiji, Tonga et Samoa se sont déclarées cet automne. L’île de Samoa est la plus touchée avec à ce jour (18.12.2019) 5’371 cas déclarés (Gouvernement de Samoa), dont 76 décès, principalement des enfants de moins de 5 ans. Ce taux de mortalité (1/70 cas de rougeole, soit une mortalité de 1.4%) paraît spectaculaire en regard du taux habituellement associé à un décès suite à une encéphalite rougeoleuse aigüe  dans nos contrées (1/3000, 0,033%, cf. La rougeole, faits et méfaits). Ce dernier chiffre, qui n’est déjà pas anodin, est pourtant plus de 40 fois inférieur à celui qui sévit dans les iles Samoa, en ce moment. Tentatives d’explications. Continuer la lecture de La rougeole dans les îles du Pacifique

Des nouvelles du front : épidémie de virus Ebola en République Démocratique du Congo (RDC)

Dans son rapport du 26 novembre 2019, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) fait état, au 24 novembre, de 3303 cas d‘infections par le virus Ebola, dont 3185 ont été confirmés par un diagnostic de laboratoire. Continuer la lecture de Des nouvelles du front : épidémie de virus Ebola en République Démocratique du Congo (RDC)

État des lieux sur le programme d’éradication de la poliomyélite

En 1988, l’OMS a initié le programme d’éradication des virus de la poliomyélite (cf. Article précédent sur les virus de la poliomyélite). Le projet d’éradication est rendu possible par le fait que des vaccins efficaces sont disponibles depuis les années 1950, que depuis que la vaccination est appliquée les virus démontrent une stabilité antigénique (i.e. carte d’identité inchangée) et que l’humain est le seul réservoir de ces virus. Prévue, au début, pour l’an 2000, l’éradication est maintenant vue à l’horizon de 2030. Continuer la lecture de État des lieux sur le programme d’éradication de la poliomyélite

Pandémies de grippe. Saison II: comment une pandémie de grippe peut survenir.

La Saison I a introduit la notion de pandémie et a mentionné qu’elle survient lorsque l’immunité contre l’agent infectieux circulant n’existe pas dans la population. C’est évidemment le cas pour les pandémies causées par les virus de la grippe. Mais, d’où viennent ces nouveaux virus ? Comment sont-ils introduits dans la population humaine ? Continuer la lecture de Pandémies de grippe. Saison II: comment une pandémie de grippe peut survenir.

Pandémies de grippe. Saison I: c’est quoi une pandémie ?

On parle de pandémie lorsqu’un agent infectieux se répand sur toute la planète ou du moins sur un vaste territoire, comme un ou plusieurs continents. On la distingue de l’épidémie qui affecte des zones restreintes d’un continent, d’un pays, voire d’une région, laissant des territoires non touchés par la circulation de l’agent infectieux. Continuer la lecture de Pandémies de grippe. Saison I: c’est quoi une pandémie ?