Le devoir primordial de vacances

La vue du graphique des cas quotidiens déclarés en Suisse reflète le déroulement de la pandémie. On y détecte la première vague (mars-avril 2020), qui rétrospectivement était bien une vaguelette comparée à ce qui a suivi.

Légende de la figure. L’axe vertical montre le nombre de cas déclarés chaque jour depuis le début du décompte le 13 mars 2020 à aujourd’hui 5 juillet 2021. L’axe horizontal montre simplement le déroulement du temps, jour après jour, même si l’indication des dates va de mois en mois. Durant la 1ère vague, 13.03.2020-13.04.2020, le nombre de cas quotidien culmine à moins de 2000 cas par jour. Au pic de la deuxième vague, 13.10.2020-13.12.2020, ce nombre dépasse les 16’000. Le profil en dents de scie résulte d’une comptabilité journalière déficiente du fait de l’annonce. La tendance générale (ligne verte) est toutefois bonne indicatrice de l’évolution.

Vaguelette maîtrisée par les mesures de confinement prises dès mars 2020. L’été 2020 a été tranquille vraisemblablement parce que les mesures prises ont pu être appuyées peut-être (cf- ci-dessous) par la saisonnalité du virus. Saisonnalité du virus signifie que ses conditions de propagation sont influencées par les conditions climatiques (température, humidité…), affectant la stabilité des particules virales et leurs propriétés de transmission, et le comportement du public cible, plus enclin à vivre en extérieur. La deuxième vague a explosé dès octobre 2020 pour atteindre un niveau six à dix fois supérieur à celui de la première vague. Il est intéressant de constater que si cette deuxième vague a été maîtrisée, un rebond est visible pendant la période des fêtes de fin d’année et en janvier, résultat vraisemblable de comportements festifs et de réunions familiales propres à cette période. La vague suivante s’amorce mi-mars et correspond à l’arrivée du variant anglais, lui également maîtrisé par les mesures de confinements. Depuis, les nouveaux cas sont constamment en baisse. Une baisse qui va de pair avec la vaccination qui augmente et les beaux jours ( ???) qui reviennent, si la saisonnalité du virus est confirmée. Pour l’instant, la survenue du variant delta n’apparaît pas comme une menace immédiate. L’observation du profil de propagation après coup montre qu’il est assez sensible pour donner une image de l’effet des mesures adoptées pour l’influencer. Sur cette base on doit conclure que ces mesures ont été adéquates.

Il faut rappeler ici que la propagation saisonnière des virus respiratoires peut être stricte. Toutefois, en ce qui concerne le SARS-Cov 2, il peut être prématuré de conclure à sa saisonnalité tant que les mesures de confinement, et maintenant la vaccination, viennent perturber son cycle naturel de propagation. Les virus de la grippe, eux, représentent un exemple marquant de saisonnalité. Il n’y a pas d’épidémie de grippe qui courre dans l’hémisphère nord en été, alors que le virus circule dans l’hémisphère sud et que les échanges entre les deux hémisphères sont de nos jours fréquents (cf. La grippe). La pandémie de H1N1pan en 2009 a fait exception, elle qui a continué à se répandre dans l’hémisphère nord pendant l’été. Il est raisonnable de conclure que la totale absence d’immunité collective contre ce nouveau virus a été responsable de ce fait, mettant en lumière le rôle barrière de l’immunité collective dans la propagation virale naturelle. Les années qui ont suivi ont vu H1N1pan adopter le comportement saisonnier propre aux virus de la grippe. Ainsi, si le SARS-CoV 2 se comportait comme le H1N1pan, on ne pourrait pas forcément attendre un répit cet été dû à la saisonnalité, sauf si la vaccination venait établir une immunité collective qui n’avait pas été présent pour leH1N1pan.

En conclusion temporaire, on peut mentionner que les mesures sanitaires prises ont été efficaces pour maîtriser la propagation du SARS-CoV 2. Elles l’ont été également pour prévenir l’épidémie de grippe en début de 2021, ce qui n’était pas forcément attendu. Pourtant le virus ne va pas disparaître et va continuer à circuler à bas bruit, dans l’attente de conditions plus favorables et/ou l’émergence d’un virus affichant une capacité de propagation plus élevée. La vaccination va monter une immunité collective qui sera vraiment efficace lorsque plus de 80% (???) des personnes seront vaccinées. Dans le même temps cette barrière immunitaire va exercer une pression d’autant plus forte pour la sélection d’un variant qui pourrait échapper à la barrière immunitaire, si le virus affiche une plasticité permise de sa protéine S. Il est dans ce cadre vital que la circulation du virus soit la plus faible possible pour minimiser l’émergence d’un tel variant. Pour minimiser la circulation, il faut le plus rapidement possible « booster » la vaccination. Donc notre primordial devoir de vacances doit impérativement commencer par la vaccination. Peut-être doit-on, dans cet effort, questionner notre réticence à rendre la vaccination obligatoire. Le bénéfice d’une telle mesure pourrait largement dépasser ses inconvénients, s’il s’agit d’empêcher le retour à une situation de confinement avec toutes ses conséquences psychologiques, sociales et économiques.

Source des données :https://www.worldometers.info/coronavirus/