Des nouvelles du front : épidémie de virus Ebola en République Démocratique du Congo (RDC)

Dans son rapport du 26 novembre 2019, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) fait état, au 24 novembre, de 3303 cas d‘infections par le virus Ebola, dont 3185 ont été confirmés par un diagnostic de laboratoire. De ces 3303 cas, 2199 ont abouti à la mort de la personne infectée (67%). Les femmes, semblent payer le plus lourd tribut à l’infection (56%). 28% sont des enfants de moins de 18 ans et 5% concernent le personnel soignant.

A partir du 8 août 2018, et jusqu’au 23 novembre courant, 255’136 personnes ont été vaccinées avec le rVSV-ZEBOV, dont l’homologation est en cours à la Federal Drug Administration (FDA) des Etats-Unis. En parallèle, deux autres vaccins sont testés en RDC. Il s’agit d’un vaccin basé sur la modification d’un adénovirus (Ad26.ZEBOV) et un autre sur la modification du virus de la vaccine (MVA-BN-Filo). A ce jour on en est à 147 cas de vaccination. Les adénovirus, comme le virus de la vaccine, sont des virus à ADN, et sont en principe plus stables que le rVSV-ZEBOV qui lui est un virus à ARN. Pour préparer ces vaccins, il faut introduire dans le génome de ces virus, l’information génétique de la protéine de surface du virus Ebola (sous forme d’ADN cette fois-ci). De plus ces virus dits « recombinants » ont été modifiés de façon à pouvoir infecter les cellules de la personne vaccinée, sans pour autant faire un cycle de multiplication complet. Ils peuvent donc produire la protéine du virus Ebola, mais ne se répandent pas dans la personne vaccinée. Ces modifications sont faites grâce aux techniques du génie génétique.

Comme il n’existe pas de médicaments anti-viraux, la vaccination reste le moyen le plus efficace pour circonscrire l’épidémie. Dans ce cadre, il semblerait que le VSV-ZEBOV ait également un effet thérapeutique, c’est-à-dire qu’une vaccination après infection pourrait toujours avoir des effets bénéfiques (comme c’est le cas d’une vaccination effectuée après une suspicion d’infection par le virus de la rage ou après contamination par le virus de la rougeole). rVSV-ZEBOV, jouerait ainsi également le rôle d’un médicament. Les Ad26.ZEBOVet MVA-BN-Filo auraient un potentiel prophylactique plus élevé (protection empêchant l’infection), découlant peut-être de leur stabilité plus grande. Le problème permanent rencontré par la vaccination reste toutefois, encore et toujours, les difficultés à la réaliser. Les conflits armés qui règnent dans les régions où l’épidémie sévit représentent non seulement une menace pour le personnel soignant, mais provoque également des déplacements incontrôlés de population rendant problématique l’identification des cas de contacts avec une personne infectée. C’est en effet, par identification des personnes en contact avec un malade (ou des personnes en contact avec des contacts) que se déroule la stratégie de vaccination dite en anneaux qui vise à empêcher la propagation du virus dans une population.

En RDC, il n’y a pas que la vaccination contre le virus Ebola qui est perturbée par les conflits armés, celle concernant le virus de la rougeole doit l’être également. L’OMS signale en effet 5’110 cas mortels liés à ce virus en RDC. Pour rappel, le virus de la rougeole provoque directement la mort d’un cas sur 3000, suite à une encéphalite aigüe. De plus, une période d’immunodéficience de plusieurs semaines fait suite à une rougeole. Dans les pays où l’infra-structure sanitaire est limitée et où la mal nutrition est endémique, cette immunodéficience a des conséquences graves sur la morbidité et la mortalité des enfants en bas âge (cf. La rougeole, faits et méfaits).

Voir également La rougeole dans les îles du Pacifique.