De manière générale, lorsqu’un « corps » étranger (bactérie, virus, parasite..) s’introduit ou est introduit dans l’organisme d’un individu, rapidement se met en route un mécanisme de reconnaissance qui détermine que ce corps est bien étranger. Il s’ensuit alors un processus complexe qui vise à neutraliser et éliminer ce corps étranger. …Contre les virus, une première ligne de défense se met en place dans les heures qui suivent l’infection c’est la réponse dite innée qui arrête la plupart des infections (>99%). Au cas où la réponse innée n’est pas suffisante à maîtriser l’infection, il y a apparition de symptômes (maladie), et, dans un délai d’une semaine à 10 jours, la mise en place de la réponse immune dite adaptative qui conduit, entre autres, à la production de protéines particulières, les anticorps. Les anticorps se lient spécifiquement à des protéines virales qui sont vues par la réponse immune comme la « signature » du virus , sa carte d’identité. Cette liaison neutralise le pouvoir infectieux du virus conduisant à sa disparition. De manière intéressante, cette réponse immune contre la première infection est « mise en mémoire », si bien que si une dizaine de jours sont nécessaires pour que les anticorps soient produits la première fois, ils sont présents bien plus rapidement rapidement (< 2 jours), et à un taux plus élevé, à la deuxième infection par le même virus. Cette réaction rapide est suffisante, en général, pour maîtriser l’infection avant qu’elle ne provoque la maladie.
La vaccination est fondée sur les propriétés de spécificité (reconnaissance de la signature du virus) et de rapidité de la réponse immune adaptative de « deuxième fois ». Il s’agit de présenter une première fois à l’organisme le virus sous une forme « diminuée » (vaccin) qui ne déclenche pas la maladie mais qui néanmoins permet la reconnaissance de la signature virale par la réponse immune adaptative et sa mise en mémoire. L’organisme infecté ensuite par le « vrai » virus (virus sauvage) va réagir rapidement et neutraliser l’infection.
On distingue très schématiquement deux types de vaccins, les vaccins inactivés et les vaccins atténués. Les vaccins inactivés contiennent une préparation virale qui a été traitée de manière à ôter au virus toutes ses fonctionnalités, le virus est biologiquement mort, incapable de faire une infection. Ses protéines toutefois sont encore en état d’être reconnues par la réponse immune, c’est à dire comme protéines d’un virus à la signature particulière. Les vaccins atténués sont composés de virus « diminués ». Toujours capables de se multiplier, ils le font de manière atténuée, à bas bruit, sans développer de symptômes et donc sans provoquer de maladie. Historiquement, l’atténuation des virus a été réalisée en se fondant sur leur capacité d’adaptation formidable. Le virus sauvage a été cultivé des centaines de fois dans des conditions qui ne correspondent pas aux conditions d’infection naturelle (culture de cellules, par exemple, cf. Un virus,ça se multiplie comment?). Ce faisant, le virus a été désadapté à son hôte naturel au point de se multiplier à bas bruit lorsqu’il est administré comme vaccin. Dans ce cas également, l’atténuation du virus ne doit pas avoir changé sa signature.
Cet article présente la vaccination dans son principe général qui reste immuable. Les deux grands types de vaccins historiques doivent être complétés par des réalisations technologiques qui débordent du cadre simplifié présenté ici. La première catégorie de ces nouveaux vaccins fait appel à l’utilisation de vecteurs viraux qui pourraient s’apparenter à des vaccins atténués. Un exemple est donné avec le vaccin développé pour prévenir l’infection par le virus Ebola (cf. rVSV-ZEBOV). La deuxième catégorie s’apparenterait aux vaccins inactivés, mais s’en distingue par la manière dont la protéine virale est présentée à l’organisme vacciné. C’est l’information génétique sous forme d’ARNm qui est introduit dans l’organisme pour produire la protéine virale. Cette approche de vaccination est illustré par les vaccins mis au point pour prévenir les virus SARS-Cov-2 (cf. Vaccin ARNm).
Mise à jour le 20 janvier 2021