Pour faire leurs infections, les virus « entrent » dans l’organisme. Les portes d’entrée sont multiples. Des différents orifices qui trouent notre corps, en passant par les tissus qui les bordent, sans parler des voies d’entrée accidentelles que représentent des coupures, des égratignures, des blessures infligées consciemment (chirurgie, tatouages, scarifications etc.) ou non. Quelle que soit la porte d’entrée, l’infection ne commence que lorsque le virus est « entré » dans une cellule (Cf. Le virus,ça se multiplie comment) et y réussit sa multiplication. Cette multiplication initiale reste insignifiante. Ce sont les virus produits (des dizaines de milliers par cellule) qui vont se répandre et poser éventuellement problème. Les symptômes de l’infection apparaissent lorsque la destruction des tissus infectés est telle que le fonctionnement de l’organisme s’en trouve perturbé. Ces symptômes, sont la conjugaison des effets directs de la multiplication virale et des réponses de défenses qui visent à détruire les virus circulant et éliminer les cellules infectées devenues des usines à virus. Cette guerre de défense se joue en fait au début, lorsque l’infection est insignifiante. Elle peut se mettre en place dans chacune de nos cellules, on parle ici de « défense innée » . Cette défense est d’une importance capitale. On dit qu’elle bloque 99.9% des infections. Il vaut la peine de décrire cette gardienne de la porte d’entrée du virus.
En théorie, une seule particule virale peut initier l’infection. Pour faire simple, suivons-la. Cette particule virale, transportée par un aérosol atterrit sur la muqueuse nasale et se fixe sur une des cellules de cette muqueuse par l’entremise d’un récepteur, généralement une protéine à la surface de la cellule (mais pas que), que le virus a « appris » à reconnaître au cours de son évolution. La reconnaissance du bon récepteur, déclenche le processus d’entrée du virus dans la cellule. Le voici maintenant à l’intérieur, prêt à se multiplier. Le bon sens voudrait que c’est à ce stade que la cellule a le plus de chance de se débarrasser de l’intrus. Encore faut-il que l’intrusion soit reconnue. Après tout, le virus est composé des mêmes constituants que ceux de la cellule : des protéines, des lipides, et des acides nucléiques, ADN ou ARN (cf. Le génome). Ici, ce n’est pas l’étranger qui est reconnu, mais l’étrangeté. Par exemple le génome cellulaire, l’ADN, est contenu dans des compartiments bien délimités de la cellule, le noyau et les mitochondries. De l’ADN ailleurs devient un signe d’intrusion, qu’il soit cellulaire ou viral. L’ARN cellulaire est lui abondant aussi bien dans le noyau qu’à l’extérieur du noyau, dans le cytoplasme. Il se trouve que la cellule a évolué pour que son ARN ait une extrémité particulière ou qu’il se trouve enrobé et enroulé de manière particulière. L’ARN viral n’a pas suivi cette même évolution, et s’en distingue, ce qui rend sa détection possible. L’intrusion est donc signalée par son étrangeté. Au signal « danger intrusion », la cellule répond immédiatement par la production de petites protéines appelées interférons, qui vont être excrétées avec pour mission d’avertir les cellules voisines qu’une intrusion peut avoir lieu. Ces cellules, non encore infectées, vont avoir le temps de se préparer en se mettant dans un état antiviral. Dans cet état, et uniquement lorsqu’elles sont infectées, ces cellules vont mettre en place un plan suicide : elles programment leur propre destruction pour ne pas devenir des usines à virus. Un autre effet des interférons est la mise en route de la production de toutes une série de protéines dont le rôle est de porter l’information de l’intrusion plus loin, dans les ganglions lymphatiques. Là une réponse de défense adaptative va se mettre en place, avec pour mission de résoudre l’infection au cas où elle aurait passé la première barrière de défense innée (cf. La deuxième ligne de défense…). La réponse adaptative est celle qui produit des anticorps spécifiques contre le virus et qui relâchent des troupes de lymphocytes tueuses de cellules infectées. Il faut plusieurs jours pour que la défense adaptative soit mise en place, alors que la défense innée réagit en quelques heures.
Comme énoncé ci-dessus, la réponse innée est diablement efficace, elle bloque plus de 99.9% d’infections. C’est à se demander comment les virus peuvent encore, si souvent, venir nous pourrir la vie. C’est qu’ils ont évolué pour échapper à la réponse innée. Ils le font principalement de deux manières. Ils peuvent « cacher » leur génome qui passe maintenant inaperçu. De plus, ils ont tous développé des stratégies pour bloquer la mission que les interférons doivent remplir. Il faut finalement noter que la contre-offensive du virus n’est que temporaire, le temps qu’il lui faut pour se multiplier suffisamment pour être transmis à un nouvel hôte. La transmission faite, la suite n’est plus l’affaire du virus. Les effets collatéraux, qui peuvent être gaves et mener à la mort de l’hôte infecté, ne participent pas à la survie du virus, qui lui a besoin d’un hôte bien vivant pour continuer à exister.
Voilà, pour la réponse de défense innée. Maintenant que vous voulez en savoir plus, rendez-vous sur l’article qui développe la deuxième ligne de défense, la réponse adaptative.
Mis à jour le 14 juin 2019.