Nouvelle vague…

Nous en avons tous marre. Cela dure, il faudrait que cela finisse. On va dire que c’est fini ! Ce n’est pas comme cela que ça marche. Il suffit de regarder les chiffres. La Figure 1 est une vue générale des cas depuis le début de la pandémie en mars.

Augmentation exponentielle en mars-avril, puis, effets des mesures de confinement, l’augmentation est freinée en mai, au point qu’au début juin, la courbe est quasiment plate, c’est-à-dire que le nombre de nouveaux cas quotidiens avoisinent quelques dizaines seulement (il était de l’ordre de plusieurs centaines à un millier en mars-avril). Puis fin juillet-début août, ça repart à la hausse. On le voit, la courbe s’infléchit vers le haut, les nouveaux cas quotidiens oscillent entre 300-500. Ce n’est pas tout à fait aussi vertigineux que l’augmentation de mars- avril, mais c’est reparti. C’est incontestable.

Avec la différence que la mortalité augmente à peine (cf. Figure 2). Cela a suffi pour mettre en doute le rebond. Une deuxième vague sans mort ? Faut pas plaisanter !

La question du nombre de morts a été discutée dans les média, et les explications données sont cohérentes. La première vague a emporté les plus fragiles. Cette catégorie a appris à mieux se protéger et on la protège mieux. Ce sont, pour l’instant, surtout des personnes plus jeunes (35-50 ans) qui sont atteintes avec moins de dégâts. Des progrès ont été faits dans la prise en charge des cas graves et les systèmes de santé, pour l’instant, sont moins sous pression que lors de la première vague.

Un autre argument avancé pour rendre compte de l’augmentation des cas repose sur le nombre de tests effectués. Celui-ci a augmenté et forcément, plus on teste et plus on détecte de cas positifs. Des cas asymptomatiques qui passaient inaperçus viendraient maintenant grossir le nombre de cas déclarés. Cet argument fait sens et il vaut la peine de s’y attarder d’autant que les cas déclarés seraient loin de représenter la majorité des cas d’infection. On se souvient qu’une étude de la séro-prévalence à Genève, à savoir une étude du nombre de personnes possédant des anticorps anti-SARS-Cov-2 et qui donc ont été infectées, permettait de conclure que durant la première vague, les cas déclarés représentaient seulement 10% du nombre d’infections.

La Figure 3 montre le nombre de tests effectués quotidiennement. Ici les données partent du 1er juin, date à laquelle le compteur de Swiss COVID19 tracker a été mis à zéro pour un suivi plus fin de la situation.

Ce nombre varie avec une période hebdomadaire où les nombres les plus élevés sont généralement en début de semaine, ceci vraisemblablement pour des raisons techniques. On voit notamment qu’à la fin juin (29-30 juin) les nombres (14’000-15’000) sont presque aussi élevés que les pics observés début septembre (15’000-16’000). En se reportant aux nombres de cas déclarés (Figure 4), on constate qu’il n’y a pas de corrélation stricte entre le nombre de tests et le nombre de cas déclarés. Si c’était le cas, il devrait, par exemple, avoir 350-450 cas déclarés en fin juin.

La Figure 5 est encore plus probante. Il s’agit du pourcentage de tests positifs qui évolue à la hausse avec le temps. Situé aux alentours de 1% à la fin juin, il grimpe entre 4-5% au début septembre démontrant de manière très claire que le nombre de cas déclarés, s’il ne dénombre pas forcément tous les cas,  représente bien une augmentation du taux d’infections dans la population.

En conclusion, qu’on l’accepte ou non, il y a rebond d’infections. Qu’on l’appelle deuxième vague ou non, le virus a tendance à circuler avec plus d’intensité que lors du confinement. Alors que les mesures prises lors du confinement visaient principalement à ne pas saturer les systèmes de soins, les mesures actuelles devraient limiter la propagation du virus de manière à ne pas perdre les capacités à suivre son cheminement. Interrompre les chaines de transmissions avant qu’elles n’échappent à tout contrôle reste actuellement l’objectif majeur. Ne pas le faire pourrait s’apparenter à un « reculer pour mieux sauter ».

*Sources des données : Figures 1-2 : https://www.worldometers.info/coronavirus/, Figures 3-4-5 : https://dashcoch.herokuapp.com/