« Thurgovie, 8000 poules tuées », titre d’un entrefilet du Courrier du 22-26 décembre, Diable ! Pour remplir les marmites festives ? Voilà qui va susciter l’outrance des antispécistes. Pas du tout, c’est la laryngotrachéite infectieuse aviaire qui a commandité le massacre de Neukirch-Egnach. Ouf ! De quoi s’agit-il ? D’une infection par un virus de la famille des Alphaherpesvirus, la même famille qui comprend également des virus herpétiques humains, ceux, entre autres, qui provoquent des boutons de fièvres, la varicelle et le zona (cf. Varicelle-zona, même combat). Lorsque quelques cas sont déclarés dans un élevage, tout le stock est sacrifié pour enrayer l’épidémie, car s’il existe un vaccin, il n’est pas autorisé en Suisse. De 1991 à 2017, de 1 à 19 cas sont déclarés chaque année en Suisse. Soyons vite rassurés, le virus aviaire ne se transmet pas à l’homme.
De manière intéressante, mais pas surprenante pour cette famille de virus, il peut persister à long terme chez les poules qui ont survécu à l’infection (20-30% de mortalité), ce qui constitue un réservoir pour de nouvelles infections. La persistance se passe, comme chez les humains dans les ganglions nerveux sensitifs. Le génome viral (ADN linéaire) y reste silencieux dans le noyau des neurones. Pourtant, à une fréquence variable mais régulière, elle peut mener à une réactivation, c’est-à-dire à une production de particules virales qui migrent le long des terminaisons nerveuses vers les cellules de l’épithélium nasal ou de la trachée. Chez l’homme, on sait que cette réactivation peut passer inaperçue, ou alors provoquer des symptômes qui sont limités par la réponse immune. Dans les deux cas, c’est l’occasion pour le virus de se transmettre à un nouvel hôte. Il faut donc impérativement éliminer tous les animaux susceptibles d’avoir été infectés dans un élevage où des cas ont été déclarés. On veut croire que ces animaux sacrifiés n’ont pas fini dans nos marmites, ce qui ne serait pas si grave, car les virus sont facilement inactivés par la cuisson. Bon appétit !
NB. Selon l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV ) la laryngotrachéite infectieuse touche la « volaille de race ».