Varicelle-zona, même combat

La varicelle est une maladie causée par un virus de la famille des Herpesviridae. Cette famille contient d’autres virus, dont les plus connus sont les virus herpès simplex de type 1 et 2, responsables, respectivement, de lésions sur les muqueuses buccales (boutons de fièvre) et génitales, le virus Esptein-Barr (du nom des deux chercheurs qui ont caractérisé le virus) responsable de la mononucléose infectieuse et le cytomégalovirus  responsable de pneumonies rares, mais surtout problématique lors de greffes d’organes lorsque le patient est immunosupprimé (voir ci-dessous), plus quelques autres.  Ces virus partagent non seulement une structure commune (génome à ADN, membrane cf. Un virus, c’est quoi), mais également une stratégie « d’existence » particulière. Contrairement aux virus pour lesquels la survie passe par la nécessité continuelle d’infecter de nouveaux hôtes, parce qu’ils sont efficacement éliminés par les réponses de défense de l’hôte, les virus herpétiques, après leur première infection (primo-infection), pouvant provoquer des symptômes ou pas, persiste dans l’organisme le temps de vie de celui-ci,  en se cachant des réponses de défense, et sans faire de maladie, sauf situation particulière (cf. ci-dessous). C’est dans ce contexte qu’il faut décrire la varicelle et le zona.

La varicelle est ainsi la maladie provoquée par la primo-infection du virus de la varicelle. Le virus est très contagieux et se transmet par des gouttelettes produites par la toux ou par contact avec le liquide des vésicules (boutons) qui apparaissent sur tout le corps. Avant la disponibilité d’un vaccin, la quasi totalité des enfants faisait une varicelle dans leur petite enfance et, en général, à cet âge, la maladie n’est pas grave, même si ça démange beaucoup. Elle peut, dans des cas très rares, avoir des complications plus sérieuses, comme une infection des poumons (pneumonie), ou alors du cerveau (méningite ou encéphalite). Dans ces cas, la varicelle peut entrainer la mort. Les risques de complications sont plus élevés lorsque la varicelle se déclare à l’âge adulte  (>16 ans).

Après une varicelle, on est immunisé pour la vie. Pourtant le virus reste dans l’organisme en « se cachant » dans les neurones des ganglions nerveux sensitifs, où il reste inactif. Il en ressort périodiquement, en suivant les nerfs vers la périphérie, mais le virus est immédiatement contenu par l’immunité et ne fait pas de maladie. Ce contrôle par l’immunité fonctionne en général très bien. Pourtant, avec l’âge avancé, l’immunité devient moins efficace. Le virus peut maintenant provoquer, chez environ 20% des personnes, une éruption cutanée qui reste généralement circonscrite à la zone innervée par le ganglion sensitif duquel le virus est issu. C’est une nouvelle maladie appelée le zona. Cette éruption est très douloureuse, peut persister pendant des mois et être très invalidante. Le même virus provoque ainsi deux maladies différentes, la varicelle si c’est la première fois que le virus infecte (en général un enfant) et le zona, des années plus tard lorsque le virus ressort des neurones dans lesquels il s’est caché.

Il n’existe pas de médicament réellement efficace pour bloquer l’infection du virus de la varicelle. Il existe un vaccin atténué (cf. La vaccination). En Suisse, on recommande une vaccination à tous les jeunes (>13 ans) qui n’ont pas d’histoire de varicelle et/ou qui n’ont pas d’anticorps contre le virus. Aux États-Unis,  en revanche, la vaccination est recommandée pour tous les enfants. Ce même type de vaccin, mais contenant 10 x plus de particules virales,  peut être administré chez les personnes âgées. Il diminue de 50% la probabilité de développer un zona. Ce vaccin n’est actuellement pas disponible en Suisse. Un deuxième vaccin, dont l’efficacité de protection contre le zona se monte à plus de 90% est disponible à l’heure actuelle (2022, cf. Le Zona).

Les virus herpétiques sont très répandus dans la population mondiale. Plus de 80% des humains sur notre planète sont infectés. Compte tenu de cette proportion énorme, ces virus vivent en très bon terme avec leur hôte humain, car ils sont efficacement contrôlés par les systèmes de défenses. Pourtant, lorsque ces défenses diminuent (âge), sont supprimées (traitement immunosuppresseur) ou ne sont pas encore pleinement fonctionnelles (nouveau-né), les maladies qu’ils peuvent provoquer sont redoutables. Par exemple, le cytomégalovirus est responsable d’une large proportion d’échecs des greffes d’organes, et le virus herpes simplex 2 peut provoquer des infections généralisée mortelles chez le nouveau-né.