Protection contre la grippe, anti-viraux, vaccins, une fuite en avant continuelle?

« Les symptômes de la grippe peuvent être une forte fièvre, des douleurs musculaires et articulaires, ainsi que des maux de tête et de gorge. Pour les personnes de 65 ans et plus, les femmes enceintes et les malades chroniques, qui font partie des personnes à risque, la grippe peut entraîner de graves complications. Pour les personnes à risque, la grippe n’est pas une maladie bénigne. En Suisse, elle est chaque année la cause de 1000 à 5000 hospitalisations et de jusqu’à 1500 décès, principalement de personnes âgées ». (cf. OFSP, Grippe saisonnière).

Les épidémies de grippe reviennent chaque année durant les premiers mois de l’année, car les virus se propagent avec plus d’efficacité par temps froid et sec. Les personnes à risque doivent se protéger, mais pas qu’eux, il faut également tenter de limiter la circulation des virus dans leur entourage. Le personnel soignant, les personnes en contact avec les personnes âgées devraient éviter d’être des vecteurs.

Il existe des médicaments anti-viraux spécifiques des virus de la grippe (Oseltamivir, Zanamivir, Peramivir). On en connaît le mode d’action. Ils interfèrent avec la dernière étape de la multiplication virale (cf. Un virus, ça se multiplie comment), celle où les virus se détachent de la cellule qui les produit. Le médicament gèle ce détachement et la propagation du virus dans l’épithélium respiratoire est diminuée. L’effet de ces médicaments est d’autant plus bénéfique qu’ils sont donnés au tout début de la multiplication virale. Or, les symptômes de la grippe apparaissent généralement lorsque la multiplication virale est à son maximum (2-3 jours après contagion). La prise de médicaments anti-viraux post contagion manque ainsi souvent d’efficacité. Ces médicaments sont en revanche plus appropriés s’ils sont pris en prophylaxie (pour prévenir l’infection) lorsque que l’on est à risque de contagion ou qu’on ne voudrait pas servir de vecteur de propagation. La question qui reste est celle de la capacité des virus à muter pour échapper à l’effet des médicaments. Elle est réelle et un médicament précédent peu utilisé (amantadine et ses dérivés) , bloquant cette fois l’entrée du virus dans la cellule, est devenu obsolète dû à l’émergence de souches virales résistantes qui se sont répandues en moins de deux ans sur toute la planète.

La vaccination reste le moyen le plus efficace de protection. Les vaccins à disposition en Suisse contre la grippe sont des vaccins inactivés (cf. La vaccination). Ils contiennent des protéines virales des trois virus qui circulent dans la population humaine: les deux sous-types du type A, dénommés H1N1 et H3N2  et un virus de type B (voir pour la variété des virus de la grippe l‘article sur ce site) . Ce vaccin est administré par une injection dès octobre. Son efficacité tourne autour des 60-65%, ce qui signifie que toutes les personnes vaccinées ne sont pas protégées puisque près d’un tiers des vaccinés restent susceptibles à la grippe. Parmi ces cas, la maladie peut être néanmoins atténuée.

Comme on l’a vu (cf. Les virus ont une capacité d’adaptation formidable), les virus de la grippe sont génétiquement flexibles et évoluent rapidement lorsque les conditions dans lesquelles ils se multiplient changent. Comme après le passage d’une épidémie,  la population infectée est immunisée, cette immunité, lors du passage des virus l’année suivante, sélectionne un virus qui lui échappe tant soit peu. De ce fait, les virus de la grippe font des épidémies récurrentes dans toutes les couches de la population parce qu’ils évoluent  année après année. Les vaccins doivent être adaptés à ces changements. C’est une des tâches de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS)d de suivre cette évolution et de proposer aux compagnies qui produisent les vaccins des souches virales actualisées. Comme il faut près de 6-8 mois pour produire le vaccin, il arrive que l’évolution d’un virus pendant la période de préparation du vaccin le rende inefficace. Cela a été le cas en 2014 pour la souche H3N2. La recherche actuelle vise à identifier une partie de  protéines virales qui ne peut pas changer. Ces parties stables pourraient constituer la base de vaccins qu’il ne faudrait plus actualiser périodiquement.

Modifié le 14 juillet 2017